Entre montagne, repos et conscience des signaux du corps

Aimez vous qu’on vous ignore?

Et si cette question concernait aussi la relation avec votre propre corps ?

Personnellement, je ne suis pas fervente des échanges où ce que j’ai à dire n’est pas entendu.
Pas par égo, mais parce que j’aime la collaboration, les échanges productifs, où chaque voix compte.

Soyons honnêtes : si nous voulons créer, évoluer, faire avancer des projets, il nous faut des dynamiques ouvertes où chacun se sent entendu.

Et si votre corps était cet autre, en dialogue permanent avec votre esprit ? Diriez-vous que c’est un échange équitable ? Qui parle le plus ? Qui est le plus souvent ignoré ?

La vérité, c’est que l’esprit ignore le corps une grande partie du temps — et cela pose problème. Quand le corps ne se sent pas entendu, il finit par manifester son existence à travers des douleurs, des tensions, des symptômes. Comme un enfant qui se met à faire des bêtises parce que vous êtes resté trop longtemps au téléphone.

Alors, même si le message du corps n’est pas celui que vous voulez entendre, il est presque toujours porteur de sens. En d’autres termes, il mérite votre attention et votre respect.

L'abus du corps au quotidien

Pourquoi nous est-il si difficile de respecter les signaux d’alarme du corps ?

D’après l’expérience avec mes clients depuis plus de vingt ans, la raison principale est simple : nous n’avons pas vraiment appris à établir une relation de confiance intime avec notre corps.

Par habitude, par peur, par paresse — ou un mélange de tout cela — nous restons bien plus déconnectés que connectés à ce corps, surtout lorsqu’il nous frustre avec ces alertes soudaines. 

Le problème, c’est qu’il ne s’agit pas seulement d’une question de limites franchies ou de fatigue ignorée. C’est souvent un mode de fonctionnement profondément ancré, alimenté par une culture polarisée entre la peur de ne pas en faire assez et des exigences de performance totalement exagérées. Et le paradoxe, c’est que des contextes censés être sains et épanouissants deviennent alors nocifs.

Et si nous prenions le temps de nous arrêter et de vraiment sentir ou ressentir ?

Quand le corps parle... et qu'on ne l'écoute pas

Que se passe-t-il lorsqu’on se sent enfin entendu ? Soulagement, joie, espoir… presque des ailes pour voler.

C’est exactement ce qui arrive quand nous écoutons notre corps. L’écoute apporte du soulagement — une douceur dans le corps, une fluidité dans le mouvement — et ouvre un monde de nouvelles possibilités.

Avec mes clients, surtout ceux qui craignent ou rejettent leurs symptômes, je les invite à les voir autrement : non pas comme des ennemis, mais comme des amis bienveillants. Des alliés qui cherchent à les aider à regarder leur situation sous un angle différent. Un angle qui peut transformer bien plus qu’ils ne l’imaginent au départ.

Et je ne parle pas seulement de mes clients. Moi aussi, il m’arrive d’éviter les murmures de mon corps… jusqu’à ce qu’ils deviennent tellement insistants que je ne peux continuer à les ignorer !

Faire face à mes propres signaux

Je l’ai appris à mes dépens, le week-end dernier en montagne. Le paysage était à couper le souffle, mais mon corps, lui, était épuisé. Au lieu d’écouter les signes de fatigue, j’ai continué — et je me suis foulé la cheville.

Je n’ai pas mis ça sur le compte de la malchance. Je n’y crois pas. Au lieu de ça, j’ai reconnu le lien entre l’accident et mon état : fatiguée, déconnectée, en train d’ignorer mes limites. En acceptant cette vérité, j’ai pu rencontrer mon corps avec respect plutôt qu’avec frustration.

Et c’est ce qui a changé tout le processus de guérison : plus rapide, sans douleur. Non pas seulement parce que j’ai obligatoirement dû me reposer, mais parce que j’ai surtout donné à mon corps une écoute bienveillante.

La leçon: traiter son corps comme son/sa partenaire

Cette expérience m’a rappelé une chose essentielle : une  performance organique, la santé, même la guérison ne viennent pas du contrôle, mais de l’écoute.

Quand on prend au sérieux les signaux du corps — même ceux qui bousculent nos plans — on entre dans une autre relation avec lui. Ce n’est plus un obstacle à surmonter, mais un partenaire qui nous guide.

Ignorer ses limites m’a menée à la blessure. Reconnaître ce qui se jouait en arrière-plan m’a permis, au contraire, de transformer cette “chute” en tremplin. Le corps sait ce dont il a besoin pour se rééquilibrer. Encore faut-il lui laisser la place.

Réflexion finale

Entre montagne, repos et conscience, j’ai retrouvé une vérité simple : tout comme dans nos relations, rien ne peut vraiment s’épanouir quand l’un des deux n’est pas entendu.

Le corps a sa propre voix. Il nous murmure, parfois crie, ce qu’il a à dire. Et plus nous lui offrons une écoute sincère, plus il nous ouvre l’accès à la fluidité, à la joie et à la liberté de mouvement.

Alors souvenez-vous en: toute relation commence par l’écoute — même celle avec votre corps.

Dans d’autres articles, j’explore d’autres manières dont cette conversation peut transformer notre performance et notre bien-être.

Retour en haut